8 mars 2024
Portraits de femmes
1929. L’année à laquelle nous sommes devenues des « personnes ».
Il est fascinant de savoir qu’avant le 18 octobre 1929, la Loi excluait les femmes lorsqu’il était question de la mention personne dans ses textes.
Le sexisme est présent dans notre société depuis des siècles, mais sachant que les femmes ont les mêmes droits que les hommes depuis 1981 au Canada, en 2024, pouvons-nous réellement dire que nous sommes égaux?
Chez Impact Emploi, nous sommes présentement 14 femmes et 1 homme. Nous avons pris le temps de questionner quelques personnes de notre équipe de travail sur leur vision d’être une femme et des femmes dans la société. Voici leurs réponses :
*Le terme femme, dans ce texte, désigne toutes personnes étant nées ou s’identifiant comme une femme.
Qu’est-ce que tu aimes le plus du fait que tu es une femme?
Employée 1 : Ma force innée qui provient du plus profond de mon être.
Employée 2 : Avoir la possibilité de porter la vie.
Employée 3 : Pouvoir donner la vie.
Employée 4 : La solidarité entre femmes.
Employée 5 : L’habilité de pouvoir faire plusieurs choses en même temps.
Employée 6 : Tout! Je suis heureuse d’être une femme.
Employée 7 : Pouvoir briser les barrières de genres en prouvant que je peux tout faire en étant une femme.
Employée 8 : Mes valeurs et ma perspective humaine.
Employée 9 : Mon unicité.
Quel serait ton plus grand accomplissement en tant que femme?
Employée 1 : Être capable de bien communiquer mes besoins et m’entourer de personnes qui les écoutent et les respectent, même s’ils sont parfois loufoques.
Employée 2 : Je me respecte en tant que femme, même si ça ne respecte pas les standards de la société.
Employée 3 : Avoir élevé ma fille pour en faire une personne confiante en elle, en ses capacités, sa valeur, peu importe son genre. Elle ne s’en laisse pas imposer quand vient le temps de se faire respecter. Elle est aussi très allumée pour tout ce qui touche l’égalité homme-femme.
Employée 4 : Je suis fière de parler 3 langues et de pouvoir aider d’autres femmes à travers mon quotidien. Le fait d’être des femmes nous rassemble malgré nos différences.
Employée 5 : Être maman, avoir vécu le processus de grossesse, c’était, pour moi, magique.
Employée 6 : Avoir terminé mes études, je suis fière de ma carrière professionnelle et d’avoir une belle famille.
Employée 7 : Avoir réalisé plusieurs travaux par moi-même dans ma maison. Il y a vraiment quelque chose de spécial pour moi dans le fait que j’ai réussi à me créer un petit nid qui répond à ce dont j’ai besoin.
Employée 8 : Dans ma vie de femme, mon plus grand accomplissement serait d’avoir des enfants et de les élever.
Employée 9 : Ma contribution à créer un monde où chaque individu est encouragé à embrasser son authenticité et à exprimer pleinement qui il est.
Quelles sont les plus grandes difficultés associées à être une femme?
Employée 1 : La perspective que nous avons des femmes. Il y a le regard des hommes envers les femmes, mais il y a aussi beaucoup de méchanceté entre femmes aussi.
Employée 2 : Le sexisme. Le manque de recherches médicales avec des sujets féminins. La contraception. Les problèmes médicaux surreprésentés ou, au contraire, sous-représentés.
Employée 3 : Le double standard : le même trait de caractère est une qualité chez un homme, mais souvent un défaut chez une femme. Exemple : Un homme qui a de l’ambition est un fonceur. Une femme qui a de l’ambition est une arriviste. Un homme plus âgé a du charme. Une femme âgée doit cacher ses rides. Ou encore : Un homme en colère a du caractère, une femme en colère est hystérique.
Employée 4 : Devoir se prouver dans plusieurs sphères de notre vie. Faire valoir ses idées et jouer un rôle d’autorité dans certains contextes.
Employée 5 : Le machisme et la hiérarchie que l’on voit parfois dans les entreprises.
Employée 6 : Dans mon pays d’origine, les femmes peuvent seulement exercer certains métiers, il n’y a pas d’égalité entre les femmes et les hommes.
Employée 7 : Les attentes de la société envers les femmes.
Employée 8 : Le fait de ne pas être vue immédiatement comme une personne qui peut accomplir n’importe quelles tâches.
Employée 9 : De devoir composer avec les attentes contradictoires en matière de rôles familiaux et professionnels.
Quels défis as-tu rencontrés en tant que femme?
Employée 1 : De m’assumer malgré les standards et les stéréotypes.
Employée 2 : J’ai eu des ennuis de santé qui ont entrainé l’essai de plusieurs médicaments avec de nombreux effets secondaires. Je pense que si le corps de la femme était plus étudié, j’aurais pu éviter beaucoup de problèmes.
Employée 3 : Être prise au sérieux. Que les fournisseurs de services, traditionnellement masculins (les garagistes, entrepreneurs, réparateurs, etc.), ne m’appellent pas « ma p’tite madame » en me parlant comme si j’avais 5 ans. Dans plusieurs situations, on accorde beaucoup plus d’attention et de sérieux à la demande venant d’un homme qu’à celle venant d’une femme. Je remarque que ça change, mais je me demande si c’est la nouvelle génération ou juste parce que maintenant, je suis souvent leur aînée!
Employée 4 : Être considérée comme une personne.
Employée 5 : Inverser les rôles traditionnellement homme-femme. Par exemple, l’homme prépare les repas.
Employée 6 : Avoir un bébé. Aller à l’université et travailler en même temps a été un grand défi, mais je savais que tout ce que je voulais faire, je pouvais le faire.
Employée 7 : Faire valoir mes idées et mes émotions. Je dirais aussi ne pas avoir eu la même éducation générale qu’un homme. On dirait qu’il va de soi qu’un garçon apprenne la base des travaux manuels, mais pas une fille.
Employée 8 : Avoir un sentiment d’échec dans des situations difficiles qui peuvent être typiquement masculines.
Employée 9 : Faire ma place dans des milieux majoritairement masculins, comme le monde sportif.
Quel est ton plus grand rêve en tant que femme?
Employée 1 : Améliorer l’accessibilité aux moyens de contraception. Atteindre l’égalité entre les femmes et les hommes. Ne plus avoir besoin de crainte de marcher dans la rue le soir.
Employée 2 : Dégenrer les tâches dès l’enfance.
Employée 3 : J’espère qu’un jour les femmes pourront se sentir en sécurité et respectées partout où elles vivent ou vont. Qu’on soit considérées au même titre que les hommes (dans nos opinions, besoins, émotions, etc.).
Employée 4 : L’égalité réelle entre les femmes et les hommes.
Employée 5 : L’égalité dans le monde du travail, la reconnaissance et la fin des féminicides.
Employée 6 : La paix, voir les gens heureux et voyager.
Employée 7 : J’aimerais avoir un travail typiquement masculin, juste parce que ce serait symbolique pour moi! Évidemment, si je devenais par exemple mécanicienne, j’aimerais avoir mon garage et desservir une clientèle féminine pour qu’elle se sente en confiance.
Employée 8 : Avoir une famille et une conciliation vie personnelle et travail.
Employée 9 : Vivre dans un monde où l’égalité des sexes est une réalité tangible. Un monde où toutes les femmes ont les mêmes opportunités d’éducation, de carrière et de réussite que les hommes.
Que dirais-tu à la petite fille que tu étais?
Employée 1 : Continue comme ça!
Employée 2 : Ça va être correct.
Employée 3 : De ne pas hésiter à prendre sa place. De moins écouter les autres et de s’écouter plus.
Employée 4 : Fais confiance en la vie. Ne perds jamais confiance.
Employée 5 : Étudie ce que tu veux et non ce que la société pense que tu devrais étudier. Fais ce qui t’intéresse!
Employée 6 : Tout ce que tu veux faire, tu peux le faire et n’arrête jamais de rêver.
Employée 7 : Tu n’as pas besoin d’être celle que les autres veulent que tu sois.
Employée 8 : Va au-delà de tes craintes. Ne t’arrête pas à ce que les autres disent.
Employée 9 : Crois en toi. Poursuis tes rêves avec détermination et ne jamais laisser les opinions des autres te définir ou te limiter.
Y a-t-il des commentaires sexistes que tu as entendu ou reçu qui t’ont marquée?
Employée 1 : Le respect du consentement en général. Refuser clairement des gestes, mais la personne essaye quand même de les faire, je pense que c’est quelque chose qui m’a marqué.
Employée 2 : J’ai eu un ancien collègue qui était vraiment insistant malgré mes nombreux refus et il m’a dit : « mais je ne peux pas me contrôler! ». J’ai répondu qu’il n’était pas un animal, qu’il pouvait se gérer…
Employée 3 : Ce ne sont pas des commentaires comme tels, plus des situations. Quand j’étais conseillère municipale, alors en représentation accompagnée d’autres collègues élus masculins, les gens assumaient que j’étais la compagne d’un élu et non une élue moi-même (le contraire n’arrivait jamais).
Employée 4 : Me faire dire que je parle trop. Que je ne peux pas faire les mêmes choses que les hommes. La phrase : « Vous parlez juste de trucs de filles. »
Employée 5 : Si une femme ne conduit pas bien, c’est simplement parce qu’elle est une femme.
Employée 6 : Mon apparence a souvent été sexualisée, même pendant ma grossesse!
Employée 7 : On m’a déjà dit que je serais plus belle si je souriais.
Employée 8 : Plusieurs clients se permettaient de me faire des commentaires inappropriés lorsque je travaillais au service à la clientèle.
Employée 9 : J’ai souvent entendu des commentaires sexistes, comme des remarques sur mon apparence physique.
Selon toi, pourquoi la Journée internationale des droits des femmes est-elle importante dans notre société?
Employée 1 : Il y a encore beaucoup de chemin à faire. En parler garde le sujet vivant. On a souvent tendance à oublier que des problématiques existent si on n’en entend pas parler.
Employée 2 : Parce que l’égalité entre les femmes et les hommes n’est pas atteinte et qu’il y a des besoins à combler dans la cause des femmes.
Employée 3 : Pour toutes les réponses des questions auxquelles j’ai répondu! Il faut célébrer ce qui nous rend fière d’être femme. Il faut applaudir nos accomplissements. Il faut parler des défis que l’on rencontre. Il faut trouver des solutions aux difficultés. Il faut partager nos rêves. Il faut dénoncer les commentaires et les agissements sexistes.
Employée 4 : Il y a encore plusieurs points à travailler, dont l’égalité. Il y a une certaine crainte en ce moment de régresser et de perdre ce qui a été acquis dans les dernières années. C’est pour ça que c’est important d’avoir la Journée internationale des droits des femmes.
Employée 5 : Pour ne pas oublier tout ce que les femmes ont fait et le travail qu’elles ont accompli à travers l’histoire. Merci à ces femmes, c’est grâce à elles que nous avons nos droits.
Employée 6 : C’est important de souligner le 8 mars parce qu’il faut montrer ce que nous valons en tant que femmes et promouvoir l’égalité. De montrer à la société que nous jouons un rôle très important en tant que femmes.
Employée 7 : La Journée internationale des droits des femmes offre l’opportunité de mettre de l’avant les femmes du passé, du présent et du futur, de présenter les enjeux que les femmes vivent et d’inspirer des changements. S’il n’y avait pas cette Journée, on n’en parlerait pas, comme on le fait les autres jours de l’année.
Employée 8 : C’est un défi au quotidien pour les femmes d’être reconnues et considérées. Le 8 mars, c’est un moment pour s’unir et être une équipe.
Employée 9 : Elle nous rappelle les progrès réalisés dans la lutte pour l’égalité des sexes, tout en soulignant les défis auxquels les femmes sont encore confrontées ici et ailleurs dans le monde.
Étant le seul homme dans une équipe de travail 100 % féminine, nous étions curieuses de poser certaines questions à notre collègue :
Quelles sont les plus grandes difficultés associées à être une femme selon toi?
Au niveau du travail, dans certains domaines, c’est de faire sa place. Il faut souvent qu’elles travaillent 2, 3 fois plus fort que les hommes pour atteindre les mêmes objectifs. Il y a aussi la conciliation vie familiale et vie professionnelle qui retombe souvent sur leurs épaules.
Quelles sont les plus grandes forces des femmes?
Leur sensibilité, leur écoute et leur empathie.
Y a-t-il des commentaires sexistes que tu as entendus qui t’ont marqué?
J’ai récemment entendu à la radio un animateur qui parlait de hockey et il y avait une femme invitée et il lui a dit : « Toi je ne te parle pas, tu ne connais rien à ça. »
Crois-tu que l’égalité entre les femmes et les hommes est atteinte?
Non et un des meilleurs exemples est dans le milieu de travail. Les secteurs plus féminins ont tendance à avoir des salaires moins élevés que les domaines typiquement masculins.
En tant qu’homme, comment crois-tu pouvoir aider la cause des femmes?
Je dirais qu’une des façons est de montrer l’exemple en respectant les femmes. Je pense qu’il faut aussi recadrer les personnes qui ont des valeurs et des comportements inappropriés envers elles.
Quels sont les avantages de travailler dans un milieu entièrement féminin?
L’humanisme et la sensibilité de mes collègues.
Crois-tu que les enjeux liés aux femmes soient assez représentés dans les médias?
Non, je pense que si on en parle encore, c’est qu’il y a un besoin. Donc plus que ça va être dans les médias, plus ça va faire du bruit et faire bouger certaines choses.
Selon toi, pourquoi la Journée internationale des droits des femmes est importante dans notre société?
Dans le passé, il y a eu beaucoup de discrimination et les femmes se sont battues pour qu’il y ait des avancées. Il faut garder ces acquis et continuer à avancer.
Pour plusieurs facteurs, être une femme, ce n’est pas toujours facile. On profite de ce 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, pour te rappeler que tu mérites le respect. Le respect de toi-même, de ton employeur, de ton entourage, de la société. Si tu as besoin d’aide, de réconfort, d’un petit boost de confiance pour ta démarche de recherche d’emploi, d’orientation scolaire ou même pour ton cheminement personnel, Impact Emploi est là.
Pour aller plus loin, ensemble :
Quelques définitions :
L’égalité : Toutes les personnes sont traitées de la même façon, peu importe les différences individuelles. Tout le monde a les mêmes accès aux opportunités.
L’équité : On s’ajuste en fonction des besoins des autres pour créer un accès aux mêmes opportunités. Certaines personnes nécessiteront plus de soutien pour arriver au niveau « d’égalité ».
Le féminisme : La défense des droits des femmes basée sur l’égalité des sexes. Même si les féministes sont souvent associées à des actes radicaux, intenses et qui visent à renverser totalement le rôle de pouvoir dans la société, en réalité, la très grande majorité ne veulent que l’égalité des sexes. On dit que l’égalité des sexes, mais on s’entend que depuis des siècles cette égalité est revendiquée dans le monde et en 2024, elle n’est pas toujours 100 % acquise.
Le machisme : Idéologie dans laquelle les hommes seraient supérieurs aux femmes par leur virilité et leur force.
La misogynie : La haine des hommes envers les femmes. Au-delà de leur vision de supériorité, les hommes misogynes ont un sentiment de mépris et même de dégoût.
Le negging : Faux compliment ou une remarque mesquine camouflée par de belles paroles qui manipule l’estime de soi de la personne qui reçoit le commentaire. C’est un compliment qui se contredit. Exemple : Tu es belle pour une rousse. Tes souliers sont vraiment wow, mais moi je n’oserais jamais les porter. Tu es forte pour une fille. Ça implique quelque chose de positif dans une chose négative. Comme si c’était le moins pire du pire.
Le sexisme : Attitude qui discrimine certains groupes en se basant sur le sexe.
Le sexisme ordinaire : Le sexisme ordinaire se traduit par un ensemble de remarques ou de gestes d’apparence anodine, contribuant à exclure les femmes et les minorités de genre au quotidien. Exemples : Être mise de côté pour un projet ou une tâche simplement parce que l’on n’est pas un homme. Commentaires sur le corps de la femme : Tu es bien bête, t’es-tu dans ta semaine?
Quelques lectures intéressantes sur l’histoire des femmes :
Effrontées de Christine Renaud
Dans ce livre, l’autrice présente 21 portraits de femmes québécoises qui ont marqué le Québec et le monde à leur façon. Avec ses courtes histoires, ce livre se lit facilement. Petit plus, on y trouve plusieurs illustrations colorées et parlantes!
Mister Big ou la glorification des amours toxiques d’India Desjardins
Ce roman met en perspective la romantisation de comportements toxiques dans nos sources de divertissement. En faisant des parallèles avec la série culte Sex and the City et d’autres films et séries, l’autrice décortique les relations amoureuses. Comme c’est un essai, c’est l’opinion de l’autrice et ces observations. Ces propos sont quand même appuyés sur des sources que l’on retrouve à la fin du livre.
Nous sommes féministes! des éditions Hurtubise
Pour une lecture plus historique, ce livre met en lumière les dates importantes dans l’histoire du mouvement pour les droits des femmes. On y dresse aussi des portraits de femmes du monde entier qui ont eu un impact sur la cause des femmes. C’est agréable à lire puisque ce sont de petits paragraphes et que le contenu est bien vulgarisé. Un petit plus pour les images et les citations!
Quelques balados (podcasts) qui font du bien :
Entre filles avec Sarah-Maude Beauchesne
Disponible gratuitement sur la plateforme OHdio, l’animatrice reçoit des invitées et discute de différents sujets, tels que la beauté, la solitude, les relations toxiques et le travail. Sans jugement, les discussions permettent aux invitées de partager leur vécu et leur vision sur le thème proposé.
Tout le monde s’hait de Marylène Gendron et Sam Cyr
Avec un ton humoristique, mais honnête, les invité(e)s dévoilent leurs complexes physiques et sociaux. Le but de ce balado n’est pas de surmonter ses complexes, mais plutôt de les reconnaître. Ça fait du bien d’entendre des personnalités publiques se positionner et se mettre en position plus vulnérable pour démontrer que l’acceptation de soi ne se fait pas du jour au lendemain. Disponible sur plusieurs plateformes gratuitement.
Elles sont de Mélissa Bédard
Les sujets de ce balado sont parfois difficiles, mais les invitées présentent toujours deux facettes des sujets et ça apporte une douceur. On peut bien s’identifier, ou du moins, comprendre les différents points de vue. Disponible sur plusieurs plateformes gratuitement
**L’image de couverture provient du Collectif 8 mars